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samedi 2 décembre 2017

Homélie St Eloi 2017

Cette homélie proposée par Joël s'appuie sur le travail préparatoire réalisé avec un petit groupe d'agriculteurs et présenté dans notre précédent article. 


Au moment où vous, agriculteurs (et artisans), vous vous présentez devant le Seigneur, c’est avec le paquet de tous les défis que vous vivez : défis de toute nature, économiques, sociaux et politiques : recherche d’un revenu décent et d’un travail épanouissant, relations avec les autres acteurs de l’agro-alimentaire, pression sur les questions environnementales, exigences administratives de l’État…

C’est difficile de les laisser à la porte de l’Église car, venant remercier le Seigneur du don qu’il nous a fait de la Création, nous savons que ces défis sont au cœur de cette mission confiée d’être des gérants de ce don que le Créateur nous a fait : nourrir les êtres humains, vivre ensemble en harmonie et construire la communauté humaine, mettre en valeur la création.

Les valeurs de l’Evangile doivent rester bien vivantes en nous pour que les décisions et les orientations à prendre soient conformes à ce que le Seigneur attend de nous : respect de tout être humain et spécialement des plus fragiles, souci de la construction de la communauté humaine au travers de la recherche du Bien commun, de la justice et de la solidarité. Sans cesse des situations nouvelles, de nouvelles connaissances nous obligent à repenser la manière dont ces valeurs doivent guider notre action.

Ce qui menace notre monde est un individualisme négatif qui ne prend aucun soin des plus fragiles, du lien social et du bien commun de notre société alors que « tous, nous sommes responsables de tous » selon l’expression du pape Jean-Paul II. L’épisode de la guérison du sourd-muet par Jésus peut éclairer le chemin à prendre pour résister à ce qui menace notre humanité. Le danger est de ne plus être capable d’écouter, de ne plus juger utile de parler alors qu’il nous faut être capable d’entendre et de prendre la parole.

Cette surdité et ce mutisme touchent particulièrement ceux qui connaissent des difficultés et dont la vie familiale et personnelle est menacée : face à une situation très difficile, ils n’entendent plus, ils ne parlent plus et peu à peu ils s’enferment incapables de faire face à cette situation. La trappe se referme peu à peu et la solitude gagne. Face à ces situations, il est d’autant plus urgent qu’ils puissent rencontrer quelqu’un qui les écoute et leur parle. C’est difficile mais il ne faut surtout ne pas se détourner ou rester indifférent par facilité. 

Mais c’est sans doute plus globalement qu’il nous faut réapprendre à écouter, à s’écouter, à parler, à se parler. L’individualisme qui équipe d’œillères peut quelquefois conduire à l’autisme. Le refus de l’autre, de ses convictions et choix différent se mue en agressivité et en colère. Pour que notre parole soit juste, il faut que notre écoute soir réelle. Dans ce monde complexe, il est si facile de simplifier, de penser en noir et blanc. « Trois minutes pour comprendre » : tel est le slogan d’une radio ; qu’est-ce qui peut être compris en trois minutes ?

L’Espérance est un autre fondamental de l’Evangile ; aujourd’hui c’est de ne jamais se décourager d’écouter et de parler. Il y faut de la sagesse et du courage pour entendre et dialoguer dans la diversité et la complexité de notre monde. Le chrétien est un homme de communion, de rencontre, voire de réconciliation.


Partager, s’écouter, se parler, n’est-ce pas le cœur de l’Eucharistie que nous célébrons. Comme nous l’entendions dans la première lecture, nous avons certainement besoin du Christ et de sa force pour rester dans le monde d’aujourd’hui des gens persuadés qu’il est important de perdre du temps à parler à son voisin, qu’il faut rester ouvert sur le monde afin de découvrir la diversité et la richesse des autres. Il est peut-être difficile de s’asseoir autour d’une table pour envisager ensemble une situation et réfléchir à une solution partagée mais c’est ce que le Seigneur a voulu faire en partageant notre humanité, en s’asseyant pour un repas avec des apôtres dont il ne connaissait que trop les limites.

lundi 13 novembre 2017

St Eloi 2017; de multiples défis à relever

Comme chaque année, Joël a préparé avec un petit groupe d'agriculteurs du diocèse la fête de la Saint Eloi. Voici l'état des lieux fait à cette occasion.




Actualités du monde agricole et rural

 * Actuellement ont lieu les Etats généraux de l’alimentation qui regroupent un grand nombre d’acteurs de notre société. Ils traitent de la création de valeur autour de l’alimentation, de la répartition de cette valeur ainsi que de la production d’une alimentation saine et durable.

 * L’épisode de la pénurie de beurre sera peut-être oublié dans un mois mais il illustre les relations difficiles entre producteurs, transformateurs et grandes surfaces (3 des acteurs de ces Etats généraux). C’est comme une illustration du premier. Mais dans le même temps, un dialogue est engagé au travers d’une opération « Éleveur & Engagé » pour rémunérer le producteur au juste prix.

 * L’année 2016 a été une année noire pour l’agriculture et a aggravé la situation de nombre d’agriculteurs. 2017 n’a pas permis de rattraper les manques de rémunération. De nombreux agriculteurs se retrouvent en difficulté et il n’est pas rare que cela conduise au suicide. Le soutien à apporter à ces personnes et leurs familles doit être une réelle priorité.

 * Notre diocèse est marqué par une profonde tradition de coopération. De grands groupes coopératifs internationaux existent (Vivescia, Cristal Union...) ; ils pèsent dans le commerce mondial et génèrent de la valeur mais leur dimension tend à les éloigner des agriculteurs de bas et cela n’est pas sans créer des tensions. En même temps, la propension à faire naître et vivre des coopérations à un niveau plus restreint reste bien présente : mise en place de méthaniseur, rachat par un Groupement foncier agricole mutuel de terres pour maintenir un agriculteur, Groupement de développement agricole, mise en commun de matériel (il est intéressant de repérer ce qui se fait sur le territoire de la paroisse).

 * Dans cette actualité où les questions de nourriture ont pris beaucoup de place, les médias tendent à durcir l’opposition entre « agriculture conventionnelle » et « agriculture bio ». La réalité du terrain montre plutôt une diversité ; il y a une recherche tâtonnante et constante de beaucoup d’agriculteurs, quelquefois réunis en association, pour tenir compte des nouvelles connaissances scientifiques et produire une alimentation saine et respectueuse de la nature. Plus globalement, les exploitations agricoles tendent à se diversifier sur beaucoup de plans : foncier, modes de travail, choix de productions...

 * Il faut aussi mentionner l’international ; actuellement c’est le traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (CETA) qui focalise les débats mais il y a d’autres négociations entre pays riches. Par ailleurs il ne faut pas oublier les pays moins riches qui peinent à développer leur agriculture, du fait de l’incurie de leurs gouvernants et aussi des fragilités engendrées par la mondialisation libérale.


 * En ce qui concerne plus globalement le monde rural, les tendances négatives comme les tendances positives cohabitent. Le maintien de services en rural (boulangerie, poste…) et la dynamisation de la vie associative dans nos villages ont des sorts différents. L’intercommunalité y joue un rôle (actuellement les questions importantes tournent autour de la mise en place des compétences suite à la modification des intercommunalités et des restrictions par l’État des dotations) mais aussi la volonté des citoyens de base ; certains villages ont une belle vie associative alors qu’à coté peu de choses se passent.

jeudi 9 novembre 2017

Andecy, nos axes de travail face à la réalité de la société actuelle

Intermouvement : ACE – ACF – CMR -  MCC

Troisième et dernière partie de notre journée d’échange à Andecy




Nos axes de travail collent-ils à la réalité de notre société en pleine évolution? Echanges avec Joël sur la relation entre l’évolution de la société et nos façons de travailler en mouvements


L’avenir du rural face à la ville

Chacun fait des choix sociaux et culturels, pour le lieu de résidence par exemple. On ne se cantonne plus à un espace défini. Qu’est-ce que l’on veut lorsque l’on vit à la campagne ? Attachement à un patrimoine ? La vie en rural est dans une phase plutôt critique mais c’est aussi la cas des centres villes qui se dévitalisent…

Avec la réorganisation des territoires, c’est la relation entre les ruraux et les dirigeants des nouvelles interco qui se cherche. Il n’y a plus de discussions sur le plan local autour des besoins des gens, du sens de la vie. Des lieux de débat sont sans doute à imaginer (valeurs morales , questions humaines, respect des gens, etc.) mais il n’a pas assez de personnes pour créer des liens.

Individualisation accrue

Le fait le plus marquant est sans doute que la société actuelle met en avant l’individu, rien que l’individu, avec toute sa liberté de choix.
Il en résulte une grande diversité dans l’approche des événements de la vie quotidienne et il devient difficile de déboucher sur des constats communs avec des projets d’action concrète. C’est l’ère de l’individualisation accrue.

Les jeunes, aujourd’hui, cherchent plus à se fonder en tant qu’individus plutôt que de mettre en avant des pistes d’action dans la société. Ils ne font plus une analyse globale de cette société.
Comment promouvoir la place de l’homme dans la nouvelle société ?
Ce constat vaut aussi pour nos équipes les plus jeunes, en déphasage avec le but initial de l’Action catholique. Bien souvent, ces équipes n’affichent pas le besoin de se rattacher à un mouvement précis.

« La moisson est abondante, les ouvriers sont peu nombreux… »

samedi 4 novembre 2017

Andecy, nos thèmes d'année pour 2017/2018

Intermouvement : ACE – ACF – CMR -  MCC

Seconde partie de notre journée d’échange à Andecy




Le but de l’opération consistait à faire le point sur nos sujets de préoccupation pour la saison qui vient de démarrer afin de vérifier, ensuite, leur adéquation avec l’évolution de la société actuelle.

ACF
L'ACF a engagé l'an passé un plaidoyer à l'aide d'un livret édité qui s'intitule "La juste place des femmes dans les instances décisionnelles de l'Eglise". L'action se poursuit et, pour cette année, nous travaillerons à la réalisation d'un livre "MOTS D'ELLES" composé de deux chapitres.
Le premier accueillera des paroles de femmes en ACF et le second devra répondre à la question : "aux regards de nos vies, que pourrions nous souhaiter aux femmes de demain?" Que pourrions nous leur dire en nous appuyant sur cette phrase de l'Abbé Pierre "nous avons autant besoin de raisons de vivre que de quoi vivre". 


ACE
Les délégués régionaux, qui se rencontrent un week-end à Paris tous les deux ans, ont opté pour la thématique « Plus fort, ensemble! » avec en toile de fond les notions « d’amitié » et de « solidarité ».

MCC
Le thème proposé par le national cible « Ré-enchanter le travail, pour quelle société ». Selon cette instance, il s’agit de « rassembler la diversité de nos expressions pour nourrir des paroles au sein et à l’extérieur du mouvement »
Et pour le MEJ que suivent également Fabienne et Pascal : « Pose ton regard, éclaire le monde ! ». La construction d’un phare est prévue…

CMR
Pour ce mouvement, il n’y a pas à proprement parler de thème d’année. Mais dans la revue Agir en Rural de septembre 2017, le national met en avant un dossier sur « Consommer autrement, habiter la terre ».
Et le CMR aînés régional a mis en place une formation pour début novembre intitulée « Nos territoires ruraux aujourd’hui : quel avenir pour nos territoires, nos communautés… ? », thématique qui rejoint les préoccupations de plusieurs équipes locales.

On observe là aussi, une grande cohérence entre les mouvements dans leurs manières de cibler les événements de la vie.

lundi 30 octobre 2017

Andecy, notre savoir-faire en mouvements

Intermouvement : ACE – ACF – CMR -  MCC

Pour booster la rentrée, nous avons imaginé une journée d’échange autour de nos expériences de vie d’équipes et en mouvements. Celle-ci s'est tenue le 15 octobre dernier à au Verbe de Vie à Andecy

Après un tour de table pour faire connaissance, nous échangeons sur nos expériences d’équipes et de mouvements. Points forts et faiblesses.


CMR (Dominique Royer)
Dominique suit une équipe sur le secteur de Sézanne depuis trois années. Celle-ci se réunit une fois tous les deux mois pour aborder des sujets en prise avec le terrain : l’accueil des migrants, les difficultés du travail en famille, les réalités et conséquences du vieillissement de nos parents, etc.
Le rôle d’accompagnateur n’est pas si évident. Animer le groupe ne pose pas de gros problème, mais l’aider à prendre du recul, à faire le lien avec les textes nécessite une certaine compétence pour laquelle un simple laïc n’est pas spécialement préparé. Nous comptons trop sur les prêtres. Pendant un moment, le Père Pierre COLLART était présent.


MCC (Fabienne et Pascal)
Le milieu « cadres » est un milieu où les gens bougent ; une équipe MCC est donc souvent en renouvellement, il faut savoir « appeler ». Une autre équipe MCC en place s’est tournée vers CVX.
Le travail constitue la trame principale de l’équipe de Châlons. Cela permet, entre autre, d’aider les gens qui rencontrent des difficultés dans l’exercice de leur boulot. L’orientation professionnelle des enfants des membres de l’équipe a aussi été abordée.

ACE (Marie-Catherine)
Le mouvement repose sur un réseau associatif. Les responsables se réunissent une fois par an pour définir des pistes de travail : thème d’année, formation, etc.
Les clubs ACE planchent habituellement sur le thème d’année et sur des questions relatives à la vie des enfants.

ACF (Maryse, Chantal et Colette)
L’ACF agit et soutient depuis 1901 la cause de chacune d’entre nous, dans les domaines politiques, spirituels, familiaux, sociaux, professionnels..
Le mouvement dispose d’un siège national avec quelques salariés. C’est le national qui définit le thème d’année, la solitude des femmes par exemple pour la saison 2016/2017.
La difficulté actuelle réside dans le manque de renouvellement des équipes. Le recrutement ne s’avère pas facile car il faut prévoir, en outre, une responsable d’équipe et un aumônier…

Au final, et comme nous l’avions déjà fait par le passé, nous observons une grande similitude entre les mouvements (avec un petit bémol pour l’ACE) dans leur façon de fonctionner et dans les sujets travaillés.

samedi 30 septembre 2017

Session Belleu 2017 : Nos territoires aujourd'hui

Comme chaque année, le CMR Ainés organise sa session de formation les 9 et 10 novembre 2017 à la Maison Sainte Croix de Belleu (près de Soissons)


Thématique 2017«  Nos territoires aujourd’hui...»
Quel avenir pour nos territoires, nos communautés?


Intervenants

Xavier Guiomar, Yves Destraigne, François Mainsant, Edith Errasti, Joël Morlet, Catherine Squevin et Jean-Marc Bocquet.


Infos complémentaires et inscriptions avant le 20 octobre auprès de Denise Mahaut (03.26.88.95.04)

dimanche 17 septembre 2017

Journée de rentrée Intermouvement

Intermouvement : ACE – ACF – CMR - END - MCC

Pour booster la rentrée, nous avons imaginé une journée d’échange autour de nos expériences de vie d’équipes et en mouvements.

Notre dimanche de rentrée
Partage de savoir-faire dans une société en pleine mutation
Le 15 octobre 2017 de 9 h 45 à 16 h 30 à Andecy

Matinée : notre savoir-faire
Echange de nos expériences d’équipes et de mouvements. Points forts et faiblesses.

11 h 30 Célébration
Avec la Communauté du Verbe de Vie

13 h 00 Repas partagé
A partir des préparations culinaires de chacun

Après midi : pertinence de nos axes de travail
Partage des thèmes et pistes de travail pour la saison qui démarre.
Ces axes collent-ils à la réalité de notre société en pleine évolution ? (intervention de Joël).

lundi 17 avril 2017

Enquête sur les catholiques : "les festifs culturels"

Dans l'enquête "Qui sont vraiment les catholiques" (lien), voici le sixième et dernier profil, "les festifs culturels".
Sur la-croix.com


Pour eux, Jésus est : le fondateur de leur religion.

Être catholique, c’est : être baptisé.

Leur spiritualité : la religion est de l’ordre du patrimoine commun, elle est un élément important de leur identité. Elle est essentiellement là pour rassurer, pour apporter une protection à leur famille.

Leur pratique : ils vont à l’église pour les rites de passage, les fêtes de famille – mariages, baptêmes, enterrements. Ils demandent des rites à l’Église mais peuvent les vivre avec une certaine distance. Ils allument un cierge, donnent à des associations caritatives… Ils sont attachés à l’aspect culturel, au folklore et aux traditions (les crèches, le clocher…). Ils apprécient assez la messe en latin.

Leur lieu : la paroisse, mais souvent ils décrochent de la pratique avec les regroupements paroissiaux. Ils sont faiblement engagés, mais on peut les trouver dans la catéchèse.

Leur sociologie : ce sont ceux qu’on appelait les « non-pratiquants ». Ils représentent la plus grande masse des catholiques engagés. Ils sont de milieu populaire, mais pas uniquement.

Leurs figures de référence : une marraine, une grand-mère…

Leur vote : orienté à droite ; c’est le groupe qui a le plus fort électorat FN, même s’il reste minoritaire (22 %, correspondant à la moyenne nationale).
Très peu favorables à « La manif pour tous », ils ont un taux élevé de défiance à l’égard du pape dont ils n’acceptent pas les prises de position sur les migrants. À leur égard, ils sont très hostiles.


Quand le diacre qui les préparait au baptême de leurs enfants leur a demandé pourquoi elle et son mari n’étaient pas mariés religieusement, Sabine l’a reconnu : elle aurait bien aimé se marier à l’église, « avec la robe blanche », mais ils avaient déjà leurs deux garçons, quand elle et son mari sont passés à la mairie.
Peu importe, « l’essentiel », pour cette chaleureuse responsable d’une boutique de prêt-à-porter à Cholet, était que ses enfants soient baptisés : « C’était quelque chose de fort pour moi. Je sais qu’au-dessus de moi, il y a quelqu’un qui va les protéger. C’est ma conception de l’Église. Ceux que j’ai aimés et qui sont morts aussi vont les protéger. Parfois dans les épreuves, je leur dis : protégez-moi. »
Sabine ne va à l’église que pour les baptêmes et les enterrements, mais elle se dit heureuse d’être marraine plusieurs fois. Son lien à l’Église et à ses racines catholiques, elle le doit à sa grand-mère, morte il y a un peu plus d’un an, et à laquelle elle était très attachée : « Quand on partait en voyage, elle nous disait qu’elle allait prier pour nous. Ça a beaucoup compté pour moi et je fais comme elle. Ce ne sont pas vraiment des prières mais plutôt des pensées, ça me rassure. »
Souvent, il lui arrive d’aller déposer un cierge à la chapelle de Haute-Foy, dans la campagne de son enfance. Elle et son mari ne manquent jamais une occasion de s’arrêter pour visiter les églises quand ils voyagent – « les clochers sont le symbole de notre religion ! » – mais aussi les autres lieux de culte. « En vacances au Maroc, raconte-t-elle, nous avons pris un guide pour nous présenter la mosquée et nous aider à mieux comprendre l’islam. Nous avons des amis musulmans mais nous voulons mieux comprendre. »

Céline Hoyeau



lundi 10 avril 2017

Enquête sur les catholiques : "les saisonniers fraternels"

Dans l'enquête "Qui sont vraiment les catholiques" (lien), voici le cinquième profil, "les saisonniers fraternels".
Sur la-croix.com



Pour eux, Jésus est : l’exemple de l’amour vécu ; ils sont moins attachés à sa personne qu’aux valeurs qu’il incarne (la générosité, l’accueil, l’ouverture aux autres).

Être catholique, c’est : être baptisé, vivre le partage.

Leur spiritualité : leur foi ne trouve pas forcément ses mots mais se manifeste dans des engagements solidaires et dans la convivialité des fêtes vécues en famille. Ils apprécient les belles célébrations et portent le désir de transmettre à leurs enfants l’héritage religieux reçu dans leur enfance.

Leur pratique : marquée par le rythme saisonnier; ils vont à la messe pour Noël, Pâques, la Toussaint… La dévotion qui leur est la plus familière est le don d’argent à des organisations caritatives.

Leur lieu : la paroisse. Comme les festifs culturels, ils sont peu engagés, mais on peut les trouver dans la catéchèse.

Leur sociologie : hétérogène. On a peu d’informations sur eux, notamment sur leur âge, mais on peut faire l’hypothèse que ce sont d’anciens conciliaires ou les enfants de ces derniers qui vont moins souvent à la messe.
Leurs figures de référence : l’abbé Pierre, Sœur Emmanuelle… Ils sont très majoritairement favorables au pape François, devant les inspirés et les observants.
Leur vote : orientés vers la gauche et le centre droit. Ce sont les plus hostiles au FN et à « La manif pour tous ».
À une immense majorité, ils sont pour un accueil inconditionnel des migrants.


Issu d’une famille de huit enfants, fils de parents très pratiquants – un « exemple de vie » pour lui –, Bruno de Boisgelin a longtemps fréquenté l’église de son village avec assiduité. Jeune homme, il a même intégré pendant deux ans le grand séminaire d’Avignon. « Puis j’ai pris beaucoup de recul sur la religion en général, et sur l’Église en tant qu’institution en particulier », affirme cet ancien directeur de cabinet de la mairie socialiste de Bourg-lès-Valence (Drôme) aujourd’hui retraité.
Mais sa vie ne s’est pas pour autant déroulée à l’écart du christianisme. « Ce qui m’a toujours guidé, ce sont les Évangiles, déclare-t-il, car ils sont porteurs de deux valeurs fondamentales : l’amour et la liberté. » Ainsi, s’il ne se rend pas chaque semaine à la messe dominicale, Bruno de Boisgelin cultive cet attrait et se rend volontiers à l’église pour les grandes fêtes, qui sont autant d’occasions de retrouver sa grande famille, notamment ses trois filles. « Quand je vais à la messe, c’est avant tout pour vivre des temps de partage avec des gens que j’aime », décrit-il, mettant en avant l’importance de la prière « comme un temps personnel de ressourcement ».
Désireux de mettre en pratique les valeurs auxquelles il croit, au premier rang desquelles la fraternité, Bruno de Boisgelin a été engagé en politique pendant de nombreuses années. Encarté au Parti socialiste, cet humaniste, admiratif de l’abbé Pierre et du pape François, a aussi été très investi dans le tissu associatif de la Drôme. Pour lui, l’accueil des migrants doit être inconditionnel : « J’aurais aimé que les chrétiens descendent aussi nombreux dans la rue pour demander des conditions dignes pour les réfugiés et contre les inégalités que pour “La manif pour tous”… »

Marie Malzac




lundi 3 avril 2017

Enquête sur les catholiques : "les inspirés"

Dans l'enquête "Qui sont vraiment les catholiques" (lien), voici le quatrième profil, "les inspirés".
Sur la-croix.com


Pour eux, Jésus est : une personne rencontrée lors d’une expérience de conversion, avec qui ils entretiennent une relation personnelle, un dialogue quasi continu.

Être catholique, c’est : se convertir toujours plus intégralement, faire entrer ­Jésus dans tous les aspects de sa vie. Leur foi est une histoire d’amour, un chemin vers le bonheur.

Leur spiritualité : pour eux, la foi se transmet par le témoignage. Ils accordent une grande importance à la liturgie, attendant de la messe qu’elle soit communautaire, vivante et recueillie. Comme les observants, dont ils sont proches, ils apprécient la messe en latin.

Leur pratique : messe, en particulier dans les rassemblements ; pèlerinage, chapelet, adoration du Saint-Sacrement…

Leur lieu : la communauté charismatique (l’Emmanuel, Chemin-Neuf, Fondacio…) ou la paroisse qui lui a été confiée, le groupe de prière… Ils attendent de l’Église un visage spirituel.

Leur sociologie : ils se présentent comme des convertis alors qu’ils ont souvent grandi dans une famille catholique. Mais ils ont réinvesti leur vie de foi, jugée formaliste ou superficielle avant leur « rencontre avec Jésus ». On trouve parmi eux tous les univers sociaux et classes d’âge.

Leurs figures de référence : Tim Guénard, Jean Vanier, Daniel-Ange, P. René-Luc…

Leur vote : orienté majoritairement à droite voire vers le FN.
Pour un quart proches de « La manif pour tous », ils sont majoritairement frileux à l’égard des migrants mais favorables au pape François.


Anne-Lise Rouyer, 34 ans, professeur d’arts plastiques à Toulouse

Dernière de six enfants, elle a grandi dans une famille catholique mais se présente comme une « convertie ». « J’avais toujours eu la foi en Dieu mais je n’avais pas encore rencontré Jésus », explique Anne-Lise Rouyer en évoquant le « cœur à cœur avec le Christ » qui a fait basculer sa vie de foi, à 19 ans, lors d’une adoration du Saint-Sacrement. À l’adolescence, après « le drame familial » de la séparation de ses parents, Anne-Lise avait cessé de pratiquer, « très déçue » d’une Église qu’elle trouvait alors « étriquée ». Sans toutefois perdre la foi. C’est par des lectures tous azimuts, y compris New Age, qu’elle découvre un jour, sans le savoir, l’oraison et reprend le chemin de l’Église, demandant à être confirmée.
Ce Jésus qu’elle a rencontré, Anne-Lise ne va « plus le lâcher ». Elle s’engage pendant sept ans aux Semeurs d’espérance, une association qui anime des veillées d’adoration et des maraudes auprès des sans-abri à Paris. Là, elle apprend à connaître ceux qui vont devenir pour elle des modèles : Daniel-Ange, Sœur Emmanuelle, le P. Ceyrac, Jean Vanier, Stan Rougier… Autant de témoins qui incarnent l’Église dont elle rêve : « Des amoureux de Jésus, avec le cœur brûlant et cette audace d’aller jusqu’au bout, dans le don d’eux-mêmes. » Jeune maman, elle regrette de n’avoir plus autant de temps pour aller à la messe en semaine ou devant le Saint-Sacrement, mais cherche à « donner le plus d’amour possible, de l’espérance et le goût du ciel ». Soucieux d’une cohérence de vie, elle et son mari ont choisi de s’installer non loin d’une fraternité Lazare, à Toulouse, où cohabitent jeunes professionnels et anciens sans-abri. À Noël, ils étaient à Saint-Girons, en Ariège, pour animer avec la paroisse une mission d’évangélisation.


Céline Hoyeau

lundi 27 mars 2017

Enquête sur les catholiques : "les conciliaires"

Dans l'enquête "Qui sont vraiment les catholiques" (lien), voici le troisième profil, "les conciliaires".
Sur la-croix.com


Pour eux, Jésus est : celui qui témoigne de la miséricorde de Dieu en brisant les frontières de l’exclusion.

Être catholique, c’est : rompre avec la logique exclus /ayants droit ; la transcendance se découvre, pour eux, dans la communion avec tous les hommes.

Leur spiritualité : rappeler à tous les hommes leur commune dignité d’enfants de Dieu (avec une méfiance à l’égard d’une « Église des purs »). S’ils avaient à choisir un passage de l’Évangile, ce serait le pardon à la femme adultère, la rencontre avec la Samaritaine ou avec Zachée. Ils sont hostiles à la messe en latin.

Leur pratique : messe, pèlerinage (à Lourdes plus qu’à Paray-le-Monial), chapelet… Ils figurent, avec les observants, parmi les plus zélés.

Leur lieu : la paroisse ; les structures diocésaines dans lesquelles ils sont omniprésents ; les mouvements comme le ­Secours catholique… Ils sont engagés dans tous les domaines, du caritatif à la défense de la famille.

Leur sociologie : ce groupe est assez hétérogène.

Leurs figures de référence : Sœur Emmanuelle, l’abbé Pierre, Guy Gilbert, le jésuite Joseph Moingt…

Leur vote : ce sont ceux qui se positionnent le plus à gauche (plus d’un tiers), mais on les trouve aussi au centre droit et à droite. Ils sont majoritairement opposés au Front national.
Ce sont les plus fervents admirateurs du pape François. Ils sont assez proches de « La manif pour tous » et majoritairement favorables à l’accueil des migrants.


Engagé, Hervé Dagommer l’est sans aucun doute. Marié « avec une sainte », père de quatre enfants – dont un seul pratique – et grand-père de dix petits enfants, il a toujours pris des responsabilités dans sa paroisse. Tout en travaillant comme associé dans une société informatique, il a géré pendant vingt ans la préparation des baptêmes dans sa paroisse de Rueil (Hauts-de-Seine). Depuis sa retraite, le rythme n’a fait qu’accélérer : économe de la paroisse, il fait partie aussi de la chorale et de l’équipe d’accompagnement des familles en deuil. Pour mieux « transmettre la foi de l’Église », qui est aussi la sienne, Hervé Dagommer, qui « pèlerine peu », a « du mal à prier » mais se rend à la messe « au moins deux ou trois fois par semaine », a suivi pendant sept ans et avec succès le cycle C de l’Institut catholique de Paris pour se former en théologie. « Parce qu’ils sont dans l’épreuve, les gens que je rencontre en préparant les funérailles sont à l’écoute. Implicitement, ils me demandent à quoi je crois ». Avec eux, Hervé Dagommer aime revenir à l’essentiel : non pas seulement « un humanisme vague » mais cette foi en Dieu qui lui donne « une espérance ».
Lui qui n’a jamais voté à gauche mais plutôt au « centre droit », était de la première « manif pour tous », mais a considéré ensuite que « l’Église se trompait de combat ». Il estime que le pape François, lui, a « vraiment compris les enjeux actuels » pour l’Église : ne pas se concevoir comme une « Église de purs » – une tendance qu’il décèle chez les quadragénaires de sa paroisse – mais sortir « pour annoncer la bonne nouvelle ». Et rappeler à la société son rôle d’accueil. À la fin des années 1970, il a rénové une maison pour des boat people vietnamiens. L’an dernier, il a eu « honte » que la France n’ait pas accueilli plus de réfugiés.

Anne-Bénédicte Hoffner






lundi 20 mars 2017

Enquête sur les catholiques : "les observants"

Dans l'enquête "Qui sont vraiment les catholiques" (lien), voici le second profil, "les observants".
Sur la-croix.com


Pour eux, Jésus est : le fils de Dieu, mort sur la croix pour le salut des hommes.

Être catholique, c’est : rechercher la sainteté afin d’être digne de ce salut.

Leur spiritualité : pour eux, l’accès à Dieu suppose une certaine ascèse et une mise à distance du monde. Ils sont attachés à la beauté de la liturgie et à la messe en latin.

Leur pratique : messe (ce sont eux qui y assistent le plus), pèlerinage, chapelet, adoration du Saint-Sacrement…

Leur lieu : la paroisse, choisie en raison de leurs affinités.

Leur sociologie : le noyau dur appartient à une bourgeoisie de style de vie (et non de niveau de vie) : prière en famille, scolarité privée, scoutisme (Europe, SUF)… Ils ont souvent été en contact avec des communautés nouvelles (soit traditionalistes, comme la Fraternité Saint-Pierre, soit néoclassiques, telles les communautés Saint-Jean ou Saint-Martin, soit charismatiques). Ils se pensent comme une minorité investie de valeurs universelles, y compris au sein de l’Église dont ils dénoncent les dérives des années 1970, sans pour autant être hostiles au concile Vatican II… Ils se donnent pour mission de restaurer la vérité du catholicisme.

Leurs figures de référence : Fabrice Hadjadj, François-Xavier Bellamy, Jean-Paul II, Benoît XVI…

Leur vote : surtout à droite.
Très proches de « La manif pour tous » (seul groupe où la mobilisation a été majoritaire) et « pro-life », ils se sentent porteurs du modèle de la famille catholique. Ils sont une majorité à se défier des migrants (et de l’islam dans une moindre mesure) et critiquent beaucoup le pape François.


Être désigné comme un catholique observant, Henri de Fraguier l’accepte bien volontiers. Et pour cause : élevé dans l’Ouest parisien, passé par toutes les étapes du scoutisme, de louveteau à chef de troupe (chez les Scouts Europe), cet aîné d’une famille catholique va à la messe tous les dimanches (en français, mais il apprécie aussi le latin), parfois en semaine quand il a du temps. Très marqué par Benoît XVI, il a participé aux JMJ de Madrid en 2011, et organisé la logistique de son groupe à Cracovie, l’été dernier.
Pour lui, la foi, c’est « croire en un Dieu qui nous a créés pour être en relation avec lui, chercher à vivre cette relation et tendre vers la sainteté ». C’est ce qu’il explique aux élèves de seconde à qui il donne un cours de caté chaque semaine dans le 18e arrondissement à Paris, un engagement proposé par le parcours Even qu’il a suivi pendant quatre ans pour consolider sa propre foi. « Ceux qui suivent mes cours ne sont pas forcément cathos. Ces jeunes se posent plein de questions auxquelles les médias et l’école ne répondent pas », confie-t-il, heureux de se confronter à cette réalité bien différente du milieu dans lequel il évolue traditionnellement.
Attaché à la protection de la vie « de ses débuts à sa fin », ainsi qu’aux valeurs familiales, Henri s’est engagé dans « La manif pour tous » dès 2013 et, depuis, en recrute les volontaires. Passionné par les questions politiques, l’étudiant en master 2 d’affaires publiques est sensible à la question de l’identité et au respect des valeurs chrétiennes, cite le pape François lorsqu’il invite à une certaine prudence dans l’accueil des migrants et ne cache pas une sensibilité politique de droite.

Céline Hoyeau