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lundi 7 décembre 2015

Des Français incompris?

Bien sûr, les Quotidiens se penchent aujourd'hui sur les résultats du 1er tour des élections. Voici un court extrait de l'édito du Monde.

"Depuis des semaines, les tempêtes de l'automne ont, hélas, apporté de l'eau au moulin du Front National: afflux des réfugiés, attentats djihadistes...
... Mais le mal est beaucoup plus profond. Il ne fait pas de doute, en effet,  que la responsabilité de partis qui gouvernent la France depuis des lustres est lourdement engagée. Ils en subissent , aujourd'hui, la sanction. Les uns et les autres ont échoué à sortir le pays du marasme où il se débat. Les uns et les autres n'ont pas su lui proposer un projet de société capable de lui redonner foi en ses atouts, en sa cohésion et en son avenir collectif."

Bon sujet à travailler dans nos équipes?

mardi 1 décembre 2015

St Eloi 2015 "Faire vivre le monde rural aujourd'hui"

Suite au constat réalisé par le groupe de préparation de la St Eloi (cf. article précédent),

Joël propose quelques éléments pour une homélie (ou une prière universelle ou pour une réflexion personnelle…)


En quoi un tel projet entre-t-il dans la mission de l’Église ?
Touche-t-il au message évangélique ?

Oui ! cela touche l'annonce de l'Evangile dans la mesure où s'y joue le bien-être des personnes et leur possibilité d'épanouissement. Dans la mesure aussi où se construit l'harmonie de la société dans son occupation de l'espace. Nous avons là une responsabilité commune pour construire et préserver le Bien Commun de toute la société et de ceux qui la composent. Nous sommes invités à construire une communauté humaine où chacun puisse grandir et s'épanouir. Dans ce sens le devenir de nos villages pour ceux qui les habitent est un enjeu et ce qu'apporte le rural dans sa diversité peut aussi contribuer à l'équilibre de la société.

Le rural dispose de possibilités qui peuvent permettre de vivre des valeurs qui sont importantes pour un épanouissement humain.

 - Il s'agit d'un rapport aux paysages et à la nature, d'une relation de proximité avec la vie végétale et animale, une communion avec l'environnement naturel dont nous faisons partie; notre corps nous rend solidaire des éléments naturels. L'ensemble de la Création n'est pas qu'une carrière à exploiter, elle est notre Maison commune.

 - Il y a aussi dans des communautés humaines plus petites, la possibilité de relations humaines plus conviviales alors qu'aujourd'hui beaucoup souffrent de la solitude dans un monde trop souvent anonyme et indifférent. L'être humain est un être relationnel, il a besoin de rencontrer les autres pour grandir et être épanoui.

 - Enfin il peut y avoir encore un autre rythme de vie plus lié aux rythmes naturels, un cadre de vie plus calme ou encore des richesses culturelles héritées de siècles d'histoire. Nous sommes les héritiers du travail et de la culture de nos ancêtres.

Mais il est important de prendre conscience que si tout cela est possible et source d'épanouissement, ce sont aussi des valeurs à préserver ou même à construire. Rien n'est jamais donné tout fait.

Cette fête de Saint Eloi rassemble non seulement des agriculteurs mais aussi des personnes de toutes les catégories sociales. Chacun a sa propre manière d'habiter le rural, cela se traduit par des présences au village et à la vie villageoise très diverses. Chacun a aussi ses propres attentes par rapport au cadre rural. La vie commune est donc à construire dans le respect des aspirations; la confiance n'est pas spontanément acquise; la communication et une bonne compréhension mutuelle demandent écoute et effort; des compromis patients sont à mettre en place. Une vie associative dynamique est importante pour se rencontrer; il faut aussi qu'existent ou soient conservés des lieux ou des moments dans nos villages où l'on puisse se rencontrer. (Cette St Eloi en est un exemple).

La diversité des emplois du temps et le repli sur soi rendent la construction d'une réelle communauté de village quelquefois difficile. Les responsables et les animateurs de la vie villageoise le savent : on n'est jamais assez nombreux et il faut sans cesse aller vers les autres pour rassembler.  Les pauvretés et accidents de la vie devraient toujours pouvoir trouver une solidarité active mais quelquefois, c'est plutôt la stigmatisation ou l'exclusion. Construire un village où se vivent des solidarités et un plaisir d'être ensemble est long. J'ajouterai : détruire ces solidarités est au  contraire beaucoup plus rapide.

Habiter le rural,  c'est y construire des relations mais c'est aussi pouvoir y gagner sa vie et y produire des richesses. Les possibilités d'emploi sont souvent en ville mais le rural est aussi un espace économique et une source d'emplois. Cette question de l'emploi est aujourd'hui une question cruciale pour notre pays. En agriculture comme dans les autres activités économiques le souci premier (une fois la rentabilité assurée, bien sûr)  doit être de préserver ou de créer de l'emploi. L'agriculture  s'est aujourd'hui beaucoup diversifiée, elle a créé des structures de transformation et de commercialisation : elles ont permis de maintenir des exploitations mais la préoccupation doit rester : l'emploi est-il bien toujours le premier souci ? Des projets, des innovations peuvent aussi naître : comment les porteurs sont-ils soutenus et encouragés ? Il faut sans doute articuler les grands projets et les petites réalisations. Des services nouveaux sont à imaginer et à mettre en place. En ce sens il est important que les professions et activités économiques ne restent pas cloisonnées. Le rural c'est aussi la facilité de se connaître dans la diversité des professions et des activités et aussi de se soutenir mutuellement.

Les attentes sont souvent aujourd'hui du coté de la qualité : qualité des aliments, qualité de l'environnement. Les ruraux sont bien placés pour connaître et respecter les lois de la nature, pour veiller à la qualité des paysages ; la beauté de beaucoup de  villages en est le témoin. Une prise de conscience s'opère peu à peu au-delà des polémiques ; des pratiques nouvelles se mettent en place. L'actualité  (COP 21, Encyclique Laudato Si) nous sensibilise ; cela ne doit pas créer de la culpabilité ou du blocage dans les esprits mais plutôt une prise de conscience de  notre responsabilité et des possibilités pour ouvrir un avenir durable.

Le monde rural est détenteur de multiples possibilités. Quels que soient les obstacles et ils sont nombreux,  ce sont les valeurs de confiance et d'espérance qui permettent de progresser. Il est facile de repérer l'appauvrissement du monde rural ou sa dissolution, il est également important d'en découvrir les richesses. (cf. le récit d'Emmaüs). Mais celles-ci ne peuvent être que le résultat d'une dynamique collective. Face à l'agrandissement des collectivités locales, il importe sans doute que les  responsables politiques ou autres œuvrant dans le rural se concertent et se donnent les moyens d'un développement des territoires ruraux.

Evidemment vous qui êtes là, êtes sans doute des convaincus. Puissent ces quelques mots renforcer vos convictions. Vis-à-vis de beaucoup d'autres, il y a certainement un travail  de militants à accomplir afin de mettre en avant ce qui est important pour l'équilibre de notre société.

Références
L'apparition aux disciples d'Emmaüs : Lc 24/13-34 : du défaitisme à la confiance.
Le bon Samaritain : Lc 10/29-37 : dépasser les règles pour permettre la vie
Prière pour notre terrre : les deux prières à la fin de l'encyclique « Laudato Si »
Gaudium et Spes n°31

Romains : Rm 12/1-21 : de quelques principes pour le vivre ensemble